ÉTHIOPIE. La ferveur et la foi

Élisabeth Foch & Paola Viesi - Imprimerie Nationale Éditions
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ILLUSTRATION DE LA COUVERTURE:
Lalibela, prêtre en l’église Béta Mercurios. © Paola Viesi

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AU DOS:
Sheikh Hussein. Sur le mur du sanctuaire, une prière :« Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mohamed est son Prophète. Que la paix et le salut soient sur lui. » © Paola Viesi

Paola Viesi, photographe romaine, consacre sa vie depuis dix ans à l’Éthiopie dont elle a photographié l’ensemble des paysages et des sites (château de Gondar, obélisque d’Aksum,églises du lac Tana). Collaboratrice de l’Unesco, elle a oeuvré à la promotion des restaurations et de la réinstallation du grand obélisque d’Aksum et a organisé plusieurs expositions en l’honneur de ce pays et de ses habitants.

Élisabeth Foch est fascinée par l’Éthiopie depuis son premier séjour, en 1976, qui a déterminé sa vocationd’écrivain-voyageur, attirée par l’altitude de ces hauts lieux où la spiritualité surgit de l’élément physique. Elle est l’auteur de Montagne des photographes (1989, prix Nadar), L’Échappée indienne (2003), Montagnes sacrées(2005), En Birmanie (2007), Bestiaire aztèque (2008), Le Goût du ciel (2009).

« Pays des origines, fécond et nourricier ; pays d’autrefois, sans ruines, d’où le temps s’est absenté », ainsi Rimbaud salue-t-il l’Éthiopie immémoriale, terre dessources et des confins, isolée par la géologie, par l’histoire, par les légendes : Ménélik, fils du roi Salomon et de la reine de Saba ; Prêtre Jean, souverain d’un royaume chrétien de l’au-delà… Le pèlerinage est mémoire des mythes fondateurs, il fait revivre l’esprit et la ferveur des commencements au long du dur cheminement qui conduit à la fusion collective des êtres par les rites.

Lalibela la chrétienne, Sheikh Hussein l’islamique, deux sanctuaires jumeaux, deux pôles opposés. Lalibela, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, le plus important pèlerinage de l’Éthiopie, l’égale des plus célèbres sanctuaires excavés du monde, Bamyan, Ellora, Pétra, Dunhuang. Sheikh Hussein la blanche, offerte aux multiples couleurs des orants, inconnue des encyclopédies occidentales. Toutes deux incrustées dans les montagnes, lieu du sacré. L’une et l’autre fondées en l’honneur d’un saint roi éponyme (XIIe–XIIIe siècles) dont elles répètent le pèlerinage fondateur : vertigineux voyage onirique du chrétien orthodoxe vers la Jérusalem céleste, en compagnie des anges ; voyage souterrain, de Dirre à La Mecque, du soufi faiseur de miracles, écho au voyage nocturne du Prophète, de La Mecque à Jérusalem.

Les admirables photographies de Paola Viesi unissent, dans la splendeur des paysages qui leur confèrent une dimension cosmique, ces deux pèlerinages où vibre l’âme del’Éthiopie. Et le texte inspiré d’Élisabeth Foch, qui a refait la route avec la photographe parmi les foules des pèlerins, fait vivre, dans l’entrelacs des descriptions croisées, le lent pas à pas de la ferveur, les vibrations de la poussière et le grouillement du quotidien ; le hiératisme des cérémonies de Ledet – naissance du Christ –, rythmées par les chants des psaumes de David ; le paroxysme de l’ivresse et de l’extase qui scande l’invocation à Hussein, le saint guérisseur.

Ces rituels, inchangés depuis les origines du christianisme et de l’islam, enrichis par les syncrétismes issus des traditions locales, témoignent de l’exceptionnelle cohabitation qui règne entre les deux religions.